dimanche 28 février 2010

Manifestation à Autrans pour Haïti le 20 mars 2010.




Une manifestation sera organisée pour récolter des fonds en faveur des victimes. Ces fonds doivent viser une action concrète, celle d’aider à la reconstruction du pays. C’est pour cela que nous travaillons avec deux associations qui réalisent au quotidien de nombreuses actions sur le terrain.
Le 20 mars 2010 sera cette journée de solidarité, d’entraide, d’écoute, de paroles, de regards, de connaissance, parce que les gestes petits peuvent changer une vie et notre regard sur le monde.
Le lieu de cet évènement sera la salle des fêtes d’Autrans, salle mise à disposition par la municipalité d’Autrans.
L’Office de Tourisme d’Autrans mettra en place tout le support de communication visuelle.

mercredi 24 février 2010

Coût de la reconstruction d'Haîti.


Vue de Port-au-Prince après le séisme de magnitude 7 du 12 janvier.


Les dégâts causés par le tremblement de terre se situent entre 8 et 14 milliards de dollars, selon les experts de la Banque interaméricaine de développement.

La reconstruction d'Haïti, dont la capitale Port-au-Prince et sa région ont été dévastées par le séisme du 12 janvier, va coûter 14 milliards de dollars, a estimé mardi la Banque interaméricaine de développement (BID), dont le siège se trouve à Washington.

"Le coût engendré par la reconstruction de maisons, d'écoles, de rues et d'autres infrastructures en Haïti pourrait être de 14 milliards de dollars", indique la BID dans une étude. Les dégâts causés par la catastrophe se situent entre 8 et 14 milliards de dollars, poursuivent les experts de la BID dans le texte.

Ces chiffres, rapportés au nombre d'habitants et à l'économie du pays, feraient du tremblement de terre de janvier la pire catastrophe naturelle des dernières décennies, selon l'organisme. Officiellement, au moins 217.000 personnes ont trouvé la mort dans le séisme. Plus d'un million d'Haïtiens se sont retrouvés sans toit.

Deux nouveaux Concerts pour Haïti.

-concert à l'église de Saint Aupre à la Terrasse
le 30 avril 2010 avec
Uyuni ( groupe de flûtes de pan )
Miski Pachahuaray ( musiques andines )
chorale Bernin à Choeurs
20 h 30 ,10 € et 5 €, réservations 04 76 08 00 56

-concert à l'église Saint Christophe de Saint Egrève le 28 mai avec :
La Solorma
Vibrations
Uyuni
chorale La Sonnantine de Gières
20 h 30 ,10 € et 5 €, réservations 04 76 08 00 56

mardi 23 février 2010

Soirée Haïti le 5 Mars 2010 à Arbignieu Foyer Municipal.

Soirée Haïti le 5 Mars 2010 à Arbignieu Foyer Municipal.

En accord avec la mairie et le soutient des associations suivantes :
ASA association sportive d’Arbignieu
Centre de première intervention d’Arbignieu (pompiers)
Sou des Ecoles
Elan de la Rochette
Club de l’amitié
Société de chasse
Société de boules
Zik en Bug.

Pour aider Haïti, nous avons souhaité organiser une soirée au foyer municipal d’Arbignieu.
Le programme de la soirée est à peu près prévu comme cela :
Le prix d’entrée est de 1€
Une urne sera présente dans la salle pour les dons.
Des dons pourront être adressés en Mairie si les gens le souhaitent.
La recette de la buvette sera entièrement reversée à l’association VOAM, 67 rue Saint François 73000 Chambéry, représentée par Etienne Joseph.
Une tombola sera certainement organisée.(voir le lot que l’on pourra trouver :jambon, bouteilles de vin, ou autres…).
20h00 ouverture du foyer avec buvette, et petite restauration (gâteaux…)
A partir de 20h30 projection d’un film sur l’Equateur environ 30 minutes.
21h00 entracte pour ½ heure
21h30 : 2 solutions possibles : soit un film sur le Pérou ou un diaporama sur Haïti qu’Etienne pourrait me passer.
Je pense que l’on peut passer le Pérou à partir de 20h00 en fond et pendant les entractes.
A discuter entre nous lors de la réunion du 24 février.
Après, Etienne nous fait un petit état de la situation du pays et nous présente son association.

Et fin de la soirée j’espère tard dans la nuit !!!
Si vous avez des idées elles seront les biens venues

Alain Metge

mardi 9 février 2010

Soirée du 13 mars.















Soirée portée par le C.A.S.O.M.I. (Comité d'Action Sociale des Originaires des D.O.M. de l'Isère):

Participent à cette soirée les associations Antillaises de Grenobles aidées des haïtiens de Grenoble et des personnes bénévoles de ces mêmes
associations de manière à ce que la totalité du bénéfice aillent aux associations désignées ci-dessous:

* "ENSEMBLE POUR HAÏTI" :(Comunauté religieuse présente en haïti depuis 150 ans).
* "V.O.A.M": (Association savoyarde avec haïti).

La soirée débutera à 21h00

Jardin des Espérides
2,3 rue CARMAGNOLE Liberté
38120 ECHIROLLES.

La prochaine réunion intermédiaire pour l'organisation finale de cette soirée aura lieu le 27 février à 15h00 au siège du:

CASOMI
45 rue Albert Thomas
38100 GRENOBLE.

lundi 8 février 2010

Concert pour Haïti le 21 février.

Avec les jeunes Haïtiens de "Ensemble pour Haïti" et la Pastorale des Migrants, et grâce à la gentillesse de "l'Ensemble à Vent de l'Isère" dirigé par Eric Villevière,
un concert gratuit est organisé en faveur d'Haïti :
* le dimanche 21 février 2010, à 17h00
* en l'Eglise Saint Martin de SEYSSENS
.


Compte-rendu de ce concert:

Le dimanche 21 février dernier, le concert organisé à l'église de Seyssins, par l'ensemble orchestre à vent de l'Isère, a remporté un franc succès. Les habitants de Seyssins sont très génereux et ils y ont répondu présents.
Une étudiante haitienne et moi avons pris la parole pour remercier le public et j'en ai profité de cette occasion pour dresser un petit bilan de la situation du pays.
C'est encore une grande preuve de solidarité de peuple à peuple.

Domingue.

Deux Concerts pour Haïti en mars.





Concert le vendredi 19 mars à 20 h 30,
Salle Olivier Messiaen Grenoble avec
:
-Orféo Latino
-chorale Orféo
soutenu par la mairie de Grenoble.







Concert le vendredi 5 mars à 20 h 30 ,
Salle des fêtes d'Eybens avec
:
-Les Petits Coeurs d'Eybens
-Kaladja
-Rouge Gorge
+ organisé conjointement avec Collectif de Solidarité International et Comité de soutien au Peuple Haïtien
soutenu par la mairie d'Eybens,associations Eybinoises,Rotary Club de Grenoble.

vendredi 5 février 2010

Témoignage sur Haïti.

Envoyé : mardi 2 février 2010 15:03
Objet : Haiti. Adresse du blog: Cliquez ici.

Cher Amis,

Après près de 2 semaines passées à Port au Prince, me voilà de retour en France. Le voyage en minibus (une quarantaine d’haïtiens – j’étais le seul étranger) de Port au Prince à Santo Domingo s’est plutôt bien passé mais j’ai été extrêmement outrés par les dix-neuf (19 !!) contrôles des autorités militaires dominicaines pour lesquels il a fallu à chaque fois allonger les billets (et ne se gênant pas pour demander plus lorsque la somme ne leur convenait pas). Cela n’enlève toutefois pas le mérite et la grande générosité des Dominicains, très actifs sur le terrain, envers la population haïtienne.

J’ai été coupé des médias pendant ma présence en Haïti – pas d’électricité et pas le temps d’écouter la radio (quelques stations haïtiennes fonctionnent néanmoins + RFI) – voilà mes impressions et les constats observés sur le terrain:

Les constructions :

- les quartiers de Port au Prince et de sa proche banlieue ont été inégalement touchés. En général 60-70% des maisons sont détruites mais ça peut varier de 10% (ex à Carrefour) à 90% (ex Sous Fort National).

- Parfois une certaine ‘logique’ n’est pas respectée : de belles et modernes constructions sont tombées alors que de petites maisons en parpaing mal assemblés sont à peine fendillées. Il semble également que les maisons anciennes de plus de 100 ans aient mieux résistés.

- La grande majorité des édifices d’états (Palais de justice, Palais national, archives, ministères), religieux (Cathédrale, Sacré Cœur,..) et privés (banques, centres commerciaux, boutiques,..) sont complètements détruits.

- Des centaines de milliers de maisons sont toujours debout mais plus ou moins fendues. Les gens ont peur de s’y aventurer. Qui pourra étudier ces maisons individuels et décider celles qui doivent être rasées et celles qui peuvent être consolidées ?

- Dans quasiment chaque rue, il y a toujours des cadavres sous les décombres. Il faut des gros moyens pour les dégager. Les pelleteuses que j’ai vues se concentrent au centre ville.

Les camps :

- la totalité de la population dort dehors. Parfois dans la cours de leur maison mais en très grande majorité dans des camps de 50 à 50 000 personnes. Ces camps se trouvent dans le jardin des maisons privés, dans des parkings de magasin ou d’église, de jardin public, sur le terre-plein entre 2 voies ou simplement sur la route (dans ce cas, l’accès aux voitures est bloqué).

- Les gens dorment dans ces camps la nuit mais le jour restent si possible près de leur maison (détruite ou non) pour surveiller qu’elle ne soit pas pillée.

- Au début, les camps n’étaient constitués que de drap et matelas les uns à côté des autres. Maintenant, les gens commencent à séparer leur emplacement avec des morceaux de bois et des tôles en fer.

- Il existe des milliers de camps. Leurs tailles ne cessent de croitre. A cause de l’insécurité croissante, les gens ne veulent plus rester seuls en famille dans la rue. Aussi, pour pouvoir bénéficier de l’aide alimentaire, il faut appartenir dans un camp. Les plus gros camps (aéroport, Champs de mars) deviennent de plus en plus importants car l’aide internationale se concentre sur ceux-ci, plus facile d'accès, ce qui attire les gens. Ce qui est dommage car les camps à taille humaine, ou tout le monde se connait, sont bien plus gérables par les représentants des camps et la distribution bien moins difficile.

- Les camps sont surveillés nuit et jour par des jeunes qui se relais. La crainte est de se voir voler, violer ou tuer par les milliers de criminels qui se sont échappés des prisons maintenant détruites. Dans un camps (parking de l’église Mormon), j’ai même du laisser une pièce d’identité pour pouvoir y entrer mais plus le camps est grand plus la sécurité est difficile a réaliser.

Aide et distribution :

- L’aide internationale est très active au niveau médical. De nombreuses ONG sont présente sur le terrain et sont plutôt bien disséminées sur tout le territoire touché. Il y a de nombreuses cliniques mobiles. J’ai même rencontré à Leogane (ville proche de l’épicentre et détruite à 90%), une équipe de médecins et infirmiers américains, ne faisant partie d’aucune organisation, qui avait loué un jet privé depuis New York et qui aidait pour une semaine. Il reste dans les camps de nombreux blessés, parfois très grave (fractures, infections, diarrhée sévères,…).

- Concernant l’eau, l’aide est également très active même si pas encore suffisante car pas distribuée partout. J’ai pu constater de nombreuses mises en place (ACF + Unicef) dans les camps de citernes en caoutchouc contenant des milliers de litres qui sont ravitaillées chaque jour.

- La distribution de nourriture est le gros point noir. Mis à part quelques gros camps, les milliers de camps et donc des centaines de milliers de gens n’ont reçu encore aucune aide alimentaire. La seule aide que j’ai pu constater est celle de l’Eglise Catholique américaine. Une goutte d’eau…

- Les autres besoins, tentes, bâches, toilettes, kit hygiène (brosse à dents, dentifrice, serviettes hygiénique, savon,…) arrivent mais au compte goutte. De très loin insuffisant. La grande hantise, c’est l’arrivée de la pluie… Il y a aussi tous ces nombreux cadavres à retirer. Dans certains endroits les odeurs sont insupportables.

- De plus en plus, la ville est quadrillée par de petites unités de GI américains lourdement armés. Est-ce vraiment nécessaire ? Ne faut-il pas intensifier l’effort de distribution alimentaire ? Pour l’instant, les haïtiens sont patients. Mais le seront-ils toujours lorsque la faim et l’inégalité de l’aide seront encore plus criants ?

Distribution a Saint Antoine :

- Dans le centre ville, le quartier de Saint Antoine, celui dans lequel j’ai vécu 2 ans il y a une douzaine d’année, a bénéficié de cette aide alimentaire. J’ai pu participer à sa distribution avec le Père Michel Briand, Père de Saint Jacques et curé de la paroisse.

- Les journées sont denses et très éprouvantes. La journée type est : levé 6h puis petit dej (café + pain). 8h-10h tour dans les camps pour évaluer la tension et derniers préparatifs. 10h-16h distribution 16h-18h visite de nouveaux camps 18h Repas (riz) puis 20h-22h réunion avec le comité distribution pour un débriefing de la journée et préparer la distribution du lendemain

- Le quartier a une quinzaine de camps, dont un très gros, Icard, sur un ancien terrain de foot, dans lequel s’entassent environ 5000 personnes. Chaque camp a des représentants qui sont chargés de faire une liste exhaustive du nombre et nom de famille vivant dans le camp. Ces listes, incontrôlables, sont sujettes à toutes sortes de suspicions et beaucoup nous disent qu’ils n’y figurent pas.

- Une douzaine de représentant du quartier (ceux qui ont de l’influence et sont des ‘personnages’) constituent avec le Père Michel, le comité de distribution. Ils se rassemblent chaque matin et chaque soir et participent activement à la distribution. Ce sont eux qui choisissent les camps qui seront ravitaillés, qui s’occupent du recrutement du service d’ordre, du support de la police,…

- Un dépôt sur Saint Antoine n’est pas envisageable à cause de l’insécurité. Il faut donc faire sans cesse des allers retour entre le dépôt et les camps (30mn trajet et chargement). En général, il n’y a qu’une voiture de disponible et ne pouvant contenir plus de 20 kit (gros seaux). La distribution traine donc en longueur et plus ça dure plus les gens s’impatiente et plus la distribution devient difficile. Les premières livraisons se passent calmement mais les esprits s’échauffent rapidement et il faut alors abandonner la distribution d’un camp pour passer à un autre. Donc, rarement un camp ne reçoit autant de kit alimentaire ou kit hygiène qu’il y a de famille.

- Il y a aussi ceux pour qui se procurer plus ou moins malhonnêtement de la nourriture est un business. Ils viennent des autres camps et sont attirés par la distribution. Ce sont surtout eux qui mettent la pagaille car ils auront plus de chance d’arriver à obtenir quelques choses par le pillage. Ils revendront alors leur butin. Toujours dans un esprit de débrouille, de survie.

- La distribution est réellement difficile, physiquement et nerveusement. Tous ceux qui y prennent part doivent résister à la pression de leur famille, leurs amis qui veulent des kit ‘tombés du camion’. Parfois, ceux sensés aider disparaissent avec le kit qu’ils portaient. Une fois j’ai poursuivi quelqu’un qui avait réussi à arracher des mains un seau à un porteur. Avec force je lui ai pris des mains, s’en ai suivi une bousculade et ruades. Je ne pouvais pas le laisser faire sinon tout le monde allait en faire autant et il n’y aurait plus eu de distribution. En 2 ans, je n’avais jamais été bousculé physiquement, les haïtiens respectent énormément les étrangers. Cet incident montre la tension palpable et grandissante de ce nouveau séisme qu’est la faim. Les insultes fusent aussi. Ex, un soir nous décidons de distribuer le peu de galon d’eau que nous avions aux femmes qui ont des bébés. Nous sillonnons donc le camp à la lampe torche à la recherche de bébé. Beaucoup de jeunes, assoiffés également, réclamaient de l’eau et n’acceptaient pas notre décision de ne donner qu’aux bébés. Le comité distribution commence à fatiguer sérieusement.

Les haïtiens :

- La prière est omniprésente. Les groupes protestants se relayent pour la prière. Avec la sono grâce à des delco, la journée, le soir de 8h à 9h, à minuit et au petit matin. Si quelqu’un a envie de faire une prière à 3h du mat, en réveillant tout le monde, personne ne se plaindra. Ils sont toujours dans l’action de grâce en remerciant sans cesse le Seigneur d’être encore vivant.

- Certains sont très actifs et ont été magnifiques de courage et de ténacité les premières semaines pour soigner les malades ou dégager les morts et les enterrer. D’autres, comme sonnés, ne prennent pas d’initiatives et attendent dans la rue tels ces infirmières ou policiers qui restaient chez eux plutôt que d’offrir leur aide. Cependant, tout le monde attend beaucoup de l’aide internationale, pas seulement dans la phase d’urgence mais aussi dans la reconstruction du pays (nouvelles infrastructures, décentralisations, lutte contre la corruption,…).

- Ils sont très résignés et très pudiques dans la façon d’exprimer leur douleur et leur détresse. En parlant avec une fillette d’une dizaine d’année qui tenait sa petite sœur de 4/5 ans par la main, je lui demande des nouvelles de sa famille. Elle me répond d’un ton neutre qu’elle a perdu sa maman. Que c’est leur père qui s’occupe d’elles. Quand on sait la place et le rôle de la mère dans la famille haïtienne, j’ai la gorge qui se sert pour ces enfants devenus orphelins. Je n’ai pas vu de gens éclater en sanglots, peut être est ce du au fait qu’ils sont dans une phase de survie, que les pleurs seront pour plus tard.

- Tant bien que mal, la vie s’organise à nouveau. On voit des marchandes de fritailles ou de bonbons apparaitre dans les camps. Pour se nourrir, les gens prennent sur leur réserve en nourriture ou achète avec leur argent qui leur reste, mangent plus qu’une fois par jour. Cependant, la promiscuité n’est pas facile à gérer, juste autour du camps, il faut trouver un endroit pour se laver, faire ses besoins, laver ses vêtements,..

- Le prix de tous les articles de première nécessité a fortement augmenté, de même que le prix des transports car l’essence se fait rare. Ceux (nombreux) qui ont de la famille à l’étranger, attende de longues heures devant les Transfer d’argent.

De mon côté :

- Mon bonheur fut de voir toute ma belle-famille saine et sauve. Ni morts ni blessés. Heureuse de me voir parmi eux et de les soutenir. La maison est peut être réparable, je n’en suis pas certain. S’il n’y a plus de tremblement de terre je dirais oui, s’il devait y en avoir un autre, même de plus faible amplitude, je dirais non…

- J’ai partagé mon temps principalement à Delmas 31 en périphérie de Port au Prince (là ou vit ma belle famille) et à Saint Antoine au centre de la capitale (là ou je vécus 2 ans). J’ai partagé les conditions de vie de mes amis. Je donnais des coups de main un peu partout, il y a tellement à faire et il manque des personnes faisant le lien entre les ONG qui entrent dans le pays et la population ainsi qu’entre ONG entre elles.. Ce qui me marqua le plus fut le travail de distribution, très éprouvant.

- Dans mon ancien quartier, nombreux sont ceux qui m’ont reconnus alors que je n’étais pas revenu depuis 10 ans. Particulièrement les enfants des rues dont je m’occupaient. Ils sont devenus des adultes, parfois avec femme et enfants. J’ai pris le temps de passer du temps avec eux, les écouter. Ils ont tous besoins de parler pour extérioriser leur drame.

- Certains moments sont très difficiles à vivre, à force de voir des maisons et des écoles détruites, des familles entières décimées, des cadavres dans la rue, des photos qu’on me montre (ex : sur le pas de la porte d’une école, 3 cadavres d’écoliers qui se sont précipités en même temps pour sortir), des gens qui demandent de l’aide alors que je n’ai pas les moyens, les répliques toujours stressantes, la crainte d’une averse… le deuxième jour, j’ai eu du mal à me lever, j’avais envie de rester allonger à ne rien faire en me disant mais comment font ils pour ne pas se décourager ou ne pas se révolter ?

- Avec les dons reçus avant mon départ, j’ai donné pour qu’ils soient utilisés comme salaire à des gens du quartier qui vont déblayer les décombres. C’est beaucoup plus valorisant que les dons aux personnes. J’ai cependant aussi donné à des personnes qui étaient dans un total dénuement.

- Le blog que j’ai initié grâce à un ami est maintenant repris par les haïtiens du quartier de Delmas. Ils n’ont pas accès à l’électricité tous les jours (ça dépend s’il y a de l’essence à mettre dans le Delco) ni internet mais ils feront ‘Sa yo capab’ pour témoigner de leur vie au quotidien.

Voilà l’adresse : http://seisme-haiti.over-blog.fr/

Solidarité avec haïti.

* Petit récap de ce que proposent les Eglises (sources : site de la CEF) :

Le « Pôle Amérique latine » du Service de la Mission Universelle de l'Eglise propose d'agir en faveur des Haïtiens par un don aux Pères de Saint-Jacques. Ils assureront le transfert des fonds et son bon usage sur place.

Le Secours catholique a contacté la Caritas Haïti, son partenaire local. L'association a aussi mobilisé ses délégations de Guyane, de Martinique et de Guadeloupe, qui ont de l'expérience dans ce type d'événement. Il lance dès aujourd'hui un appel aux « qui permettra de financer les premières aides aux sinistrés, puis dans un second temps la nécessaire reconstruction ».

Le CCFD-Terre Solidaire exprime sa solidarité envers les victimes du séisme et réaffirme son soutien à « ceux et celles qui travaillent pour le développement d'Haïti ». L'ONG doit contacter ses 7 partenaires locaux sur le terrain.

La Fédération Protestante de France invite ses membres à manifester leur solidarité en alimentant le fonds d'aide de la Fondation du protestantisme. Les dons recueillis contribueront à apporter un secours aux Haïtiens par l'intermédiaire de la Fédération protestante d'Haïti (FPH) et de ses Églises et institutions membres.

Les scouts d'Haïti, fort de leurs 30 000 membres sur l'île, participent d'ores et déjà activement à l'aide aux victimes : soutien actif aux équipes d'urgentistes, appui aux enfants isolés, acheminement de nourriture auprès des familles et mise en place de chantiers de nettoyage et de déblaiement. Il est possible de financer cette aide, en coordination avec l'organisation mondiale du mouvement scout (OMMS).

La Fédération Française de la Société de Saint-Vincent-de-Paul a ouvert un "Fonds Haïti", en vue de venir financièrement en aide aux sinistrés. Les bénévoles de la SSVP se mobilisent pour collecter des dons près de chez eux. Après le travail des ONG urgentistes, la Société de Saint-Vincent-de-Paul s’investira dans la reconstruction du pays, et ce pour plusieurs années.

L’Organisation Internationale au secours d’urgence de l’Ordre de Malte (Malteser) est présente sur le terrain avec plusieurs équipes de logisticiens et de secours médicaux. L'association a lancé un appel au don.


* Je rappelle le blog de "Ensemble pour Haïti" de Grenoble ( http://ensemblepourhaiti.blogspot.com )... fait par nos jeunes amis Haïtiens qui se rendent utiles pour leur pays en lien avec la Pastorale des Migrants et la Coopé Missionnaire.
Notez bien nos propositions :
- dimanche prochain, 07 février, nous célébrerons une messe à la mémoire des victimes du séisme du 12 janvier, à 18h30 à Notre-Dame de la Délivrande (rue Chénier, à St Martin d'Hères).
- nous organiserons un concert gratuit avec collecte pour Haïti le 21 février à 17h00 avec "L'Ensemble Instrumental à Vent de l'Isère" ; le lieu sera probablement l'église de Seyssins... mais ça reste à confirmer.


* Nous sommes aussi maintenant en relation avec le "Comité de Soutien au Peuple Haïtien" de Grenoble ; vous pouvez visiter leur blog ( http://www.francohaitien.blogspot.com/ )...
J'en profite pour signaler dès à présent :
* que le "Comité de Soutien au Peuple Haïtien" a deux concerts pour Haïti en préparation :
- 05 mars à 20h30 à la salle des fêtes d'Eybens ;
- 19 mars à la salle Olivier Messiaen de Grenoble(soirée ?)
* que le CASOMI (collectif d'associations antillaises) a décidé de réunir toutes celles et tous ceux qui veulent bien se mobiliser (association et individus ) le 13 Mars à partir de 21h00 au Jardin des Hespérides 2,3 rue Carmagnole Liberté 38120 ECHIROLLES pour une grande soirée dansante "Solidarité Haïti" ; le bénéfice de cette soirée ira à une association caritative connu et qui oeuvre en faveur des enfants d'Haïti et que, ensemble nous choisirons.
La prochaine réunion pour l'organisation finale de cette soirée aura lieu le 27 février à 15h00 au siège du CASOMI 45 rue Albert Thomas, 38100 Grenoble (pour plus d'information 06 60 71 70 84)...

Ci-dessous un courrier envoyé par un ancien volontaire DCC, qui a créé avec les Pères de St Jacques de Port-au-Prince (paroisse St Antoine) le foyer pour les enfants des rues, en lien avec la Caritas...
Quelques photos en pièce jointe.
Amitié et union de prière.
Serge


Diocèse de Grenoble-Vienne - Coopération Missionnaire
Service diocésain de la Mission Universelle de l'Eglise
Maison Diocésaine - 12, pl. de Lavalette
38028 Grenoble cedex 1 - France

Tél : (33) 04 38 38 00 51 - Fax : (33) 04 38 38 00 39
e-mail : missionuniverselleeglise@diocese-grenoble-vienne.fr
Site internet.

lundi 1 février 2010

Infos haïtiennes.

Received: Sunday, January 31, 2010, 6:56 PM

National

28 Janvier 2010

Haïti: Haiti, Année Zéro

Depuis dix jours déjà, la presse internationale regorge de larmes et d'opinions sur le tremblement de terre en Haiti. Avant de recevoir de la compassion, nous voulons être entendu. Nous, intellectuels Haïtiens et chercheurs, alors que nos maisons et nos vies sont en ruines, tentons de faire entendre nos voix par-delà les clameurs des journalistes, des « experts » et officiels de tous pays. Cela est d'autant plus important que le futur d'Haïti va se décider dans les jours et les semaines qui viennent. Nous voulons, sans tabous, faire une évaluation des problèmes auxquels Haïti fait face et surtout proposer une voie nouvelle pour reconstruite la capitale et l'Etat.

Les pertes en vies humaines et les dégâts matériels sont considérables. Aucune famille, aucune rue, aucune institution n'a été épargnée. Cette catastrophe avait pourtant été annoncée. Plusieurs scientifiques, il y a un an environ, avaient averti de se préparer pour un tremblement de terre d'une magnitude 7.2 au moins, et avaient proposé des mesures à faible coût financier (Le Matin, 25 septembre 2008). Les autorités les ont ignorés. Aucun écolier haïtien n'avait appris, contrairement à ceux des Bouches-du-Rhône, par exemple, à se cacher immédiatement sous son bureau ou sous l'ossature d'une porte. Le désastre a laissé les autorités absolument sans aucune réaction. Les très onéreuses initiatives financées par la communauté internationale ces dernières années pour la prévention et les réponses aux désastres naturels n'ont dès lors produit aucun effet. Les milliards de dollars dépensés pour la construction d'infrastructures depuis quinze ans ont eu peu de résultats positifs.

Au-delà des discours sur l'inévitabilité des catastrophes naturelles et des appels à la générosité, nous devons tirer les conclusions de quinze années d'aide internationale massive, des efforts consentis après les cyclones de 2004 et 2008, et des 600 millions de dollars par an de la mission des Nations Unies en Haïti, ou alors l'aide qui arrive aujourd'hui sera à nouveau avalée par un gigantesque trou noir d'inertie, de corruption et d'incompétence. Refaire les mêmes projets, avec les mêmes idées et les mêmes méthodes sera un échec garanti. Les erreurs persistantes ne peuvent pas rester impunies, et les responsabilités jamais prises pour des résultats jamais obtenus. Une charité mal pensée et mal conduite ne produira aucun des résultats attendus par la générosité de l'étranger et la bonne volonté des Haïtiens.

Ce qui restait de l'Etat haïtien s'est effondré avec la capitale haïtienne. La disparition des bâtiments publics symboliques de l'Etat (palais national, palais législatif et palais de justice), où nous avons perdu amis, parents et tellement de personnes qualifiées, en est la métaphore. Le processus de destruction de l'Etat, commencé il y a cinquante ans, est arrivé à son terme. Il faut admettre cette réalité si nous voulons avancer.

La population a constaté l'impossibilité totale des responsables à la rassurer, à apporter les premières réponses à son désarroi et à coordonner l'aide internationale. Un président désemparé, apeuré, déconnecté a été incapable, une nouvelle fois, de s'adresser à son peuple, si ce n'est pour se plaindre que lui aussi était sans toit. Aucun d'entre nous, comme la plupart des Haïtiens, n'a été le moins du monde surpris par l'absence d'un Etat mort il y a longtemps. Dans ces conditions, personne ne doit prétendre qu'il existe encore des institutions nationales qui ont survécu à la catastrophe et qui sont capables de travailler dans un cadre normal de fonctionnement. Nous craignons même que les officiels haïtiens se positionnent pour demeurer au-delà d'un mandat qui expire en décembre, sous le prétexte des difficultés du pays et de la « stabilité politique ».

Une première étape est, sans aucun doute possible, la création d'un état-major de liaison entre la communauté internationale et la communauté nationale, une sorte de comité de salut public qui redonnera aux Haïtiens confiance en eux-mêmes et les mettra au travail. Cet état-major devra être composé pour moitié des pays responsables et les plus impliqués, de l'autre d'Haïtiens investis de la plus haute autorité. Surtout, cet état-major devrait être complètement intégré pour ne pas avoir les étrangers et leurs projets d'un côté et des ministres mal préparés de l'autre. Le temps est terminé où les gouvernements étrangers pouvaient se cacher derrière les Nations Unies ou dire « voilà l'argent, maintenant ce n'est plus notre affaire ».

Depuis six ans maintenant, les arrangements entre un Etat démissionnaire qui fournissait la légitimité et des organisations multilatérales sans vision qui apportaient l'argent et prenaient les décisions, ont lamentablement échoué. La tête de cet état-major, et l'interlocuteur des Haïtiens, ne peut être que les Etats-Unis ou la France, car, depuis quinze années maintenant, le leadership des initiatives multilatérales par les pays Caraïbes ou Latino-Américains n'ont pas marché. Seuls des grands pays dotés de volonté, de vision et de moyens peuvent répondre à leurs obligations sur le long terme. Ce pays ne peut plus se permettre d'être le laboratoire d'ambitions de pouvoirs régionaux dont le rôle, ces dernières années, a été, pour dire le moins, superfétatoire. L'opinion internationale doit savoir que, aux yeux du peuple haïtien, les Nations Unies sont aussi discréditées que le président haïtien. Si l'ONU jouit d'un crédit dans le monde entier, cela fait longtemps que ce n'est plus le cas dans notre pays. Les Haïtiens ont également le droit de savoir pourquoi donc les 7.000 Casques Bleus présent en Haiti sont restés sur leurs bases dans les six jours qui ont suivis le séisme; 14.000 bras qui sont restés croisés alors que les pillards prenaient la ville et que les victimes tentaient de sortir les leurs des décombres. Comment ce fait, constatée par deux millions d'Haitiens n'a été reporté par personne ? Si l'ONU veut continuer à jouer un rôle, elle devra le faire sous l'autorité de cet état-major. On devra alors se focaliser sur les infrastructures et l'éducation, dans le cadre de l'aménagement du territoire. Sans cet état-major, dans dix ans à nouveau, tout le monde se demandera où les milliards sont passés. Sans cet état-major, le peuple haïtien ne retrouvera aucune confiance en lui-même.

Michele Oriol, sociologue (Université d'Etat d'Haiti)
Daniel Supplice, sociologue (Université d'Etat d'Haiti)
Michel Soukar, historien (Université d'Etat d'Haiti)
Erick Balthazar, historien (Université d'Etat d'Haiti)
avec Jean-Philippe Belleau.

Infos haïtiennes.

Haïti : quelles perspectives après la catastrophe ?

Port-au-Prince, le 27 Janvier 2010

A tous nos Partenaires

Le 12 Janvier 2010 un séisme d’une rare violence a frappé notre pays avec des conséquences dramatiques sur les populations de plusieurs communes des Départements de l’Ouest, du Sud-est et sur l’ensemble du pays. Ce tremblement de terre d’une magnitude de 7.3 sur l’échelle de Richter et son cortège de pertes irréparables ont endeuillé notre pays tout en créant des douleurs insoutenables. Ce drame qui nous affecte aujourd’hui est sans aucun doute l’un des plus graves de toute notre histoire et cause un profond traumatisme qui marquera le 21ème siècle haïtien.

Les bilans partiels communiqués jusqu’ici tentent passablement d’exprimer une réalité effroyable et indicible, c’est-à-dire l’horreur que nous avons vécu ensemble durant ces interminables 35 secondes qui, le 12 janvier, nous ont arraché un lourd tribut de douleurs et de larmes. Plus de 150.000 morts, 500.000 blessés, plus d’un million de sans abris, des dizaines de milliers d’amputés, plus de 300.000 personnes réfugiées en province, plus de 3 millions de sinistrés dévastés qui, en une minute, ont vu se transformer à jamais leurs vies, leurs familles et leurs sociétés. Une société entière traumatisée vivant dans la terreur permanente de probables répliques ou d’un nouveau séisme.

Nos organisations ont toutes été profondément bouleversées par cet événement. Nous avons perdu des proches parents, des camarades de travail, des enfants, des jeunes, des professionnels bourrés de promesses de rêves et de compétences, des édifices, des équipements, des outils de travail et une immense documentation basée sur plus de 30 années d’expériences collectives avec les organisations et les communautés de base. Les pertes sont immenses et irréparables.

Il est indispensable malgré la douleur que nous ressentons tous et toutes de réfléchir sur ce qui vient de se passer et de tirer de cette tragique expérience les leçons et les orientations qui nous permettront de poursuivre notre inlassable travail de construction d’un autre pays capable de vaincre le cycle de l’effondrement et la dépendance et de se placer à la hauteur des rêves d’émancipation universelle de ses fondateurs et de tout le peuple haïtien.

L’ampleur du désastre est sans aucun doute liée à la nature de l’État dans notre pays, un héritage historique colonial et néocolonial et la mise en place des politiques néolibérales au cours des 3 dernières décennies. L’hypercentralisation autour de la « République de Port-au-Prince » décidée par l’occupation américaine de 1915 est certainement un des facteurs déterminants. En particulier, la complète libéralisation du marché de l’immobilier a ouvert un espace de spéculation débridé aux flibustiers de tout poil.

Nous sommes très émus par l’extraordinaire élan de solidarité manifesté par la population de la région métropolitaine qui pendant les 3 premiers jours suivant le sinistre ont su répondre par l’auto-organisation en construisant 450 camps de réfugiés qui ont contribué à sauver des milliers de personnes prisonnières des décombres et a rendu possible la survie de 1.5 millions de personnes grâce au partage communautaire de toutes les ressources disponibles (nourriture, eau, vêtements). Honneur et respect à la population de Port-au-Prince ! Ces mécanismes spontanés de solidarité doivent jouer un rôle essentiel dans le processus de reconstruction et de re-conceptualisation de l’espace national.

Nous adressons cette correspondance à nos partenaires et aux différents réseaux nationaux et internationaux auxquels nous participons afin de les informer des démarches que nous avons entreprises et de nos objectifs à court, moyen et long terme.

En effet, depuis plus d’une semaine un groupe d’organisations et de plateformes se réunissent régulièrement afin de faire face à cette nouvelle situation tout en mettant en place de nouvelles stratégies et manières de travailler. Ainsi, nous les responsables des organisations et plateformes suivantes, à la suite de plusieurs rencontres pour analyser la nouvelle situation et définir des stratégies communes adoptons un positionnement qui se fonde sur les éléments d’orientation suivants :

- Contribuer à préserver les principaux acquis des mouvements sociaux et populaires haïtiens menacés par la nouvelle situation
- Contribuer à répondre aux besoins urgents de la population en mettant en place des centres de services communautaires disposant de capacités adéquates pour répondre aux besoins suivants : alimentation, soins de santé primaire, assistance médicale et psychologique suite aux chocs subis lors du séisme
- Profiter des projecteurs de la grande presse braqués sur notre pays pour diffuser une image différente de celle projetée par les forces impérialistes
- Mettre en place de nouvelles façons de faire visant à dépasser l’atomisation et la dispersion qui constituent l’une des principales faiblesses de nos organisations. Ce processus de rapprochement doit démarrer avec la structuration d’un espace commun devant accueillir provisoirement nos 6 équipes qui continueront à travailler de façon autonome tout en veillant à la mise en place de mécanismes permanents d’échanges et de travaux mutualisés. Nous veillerons à ce que puisse être imposée une démarche collective dans la recherche de réponses communes à nos problèmes et la construction d’alternative démocratique populaire réelle et viable

En ce qui a trait à la situation d’urgence, nous sommes en train de mettre en place des centres de services de quartiers. Un de nos centres est déjà pleinement opérationnel au Numéro 59 de l’avenue Poupelard, dans les locaux d’une école populaire dirigée par l’organisation SAJ/VEYE YO (Solidarite Ant Jèn). Il accueille près de 300 personnes qui sont nourries 2 fois par jour et abritées sous des tentes. Le centre leur offre aussi des consultations, des médicaments et un accompagnement psychologique. Ces services sont offerts aussi à ceux et celles qui résident dans des camps de réfugiés aménagés spontanément dans la zone. Ce centre fonctionne grâce à l’appui d’une équipe bénévole de professionnels haïtiens (médecins, infirmières, psychologues, travailleurs sociaux) appuyés par des médecins allemands de l’organisation de secours Cap Anamur. Nous essayons d’étendre l’établissement de centres similaires à d’autres quartiers de la région métropolitaine durement éprouvés par le séisme et dans lesquels aucune offre de services de cette nature n’existe. Ils seront quatre à être mis en place dans les quartiers de Carrefour (Martissant, Fontamara) et de Gressier. Nous comptons sur la solidarité de tous nos partenaires afin d’assurer leur fonctionnement efficace.

En même temps, nos 2 plateformes et les 4 organisations impliquées ont mis en place un point focal de rencontres et de coordination au local de FIDES-Haïti, situé au No 6 de l’Impasse Gabriel – Rue Fernand au Canapé Vert. Cet espace est disposé à accueillir de nouvelles plateformes et organisations du mouvement démocratique et populaire. Nous nous engageons à mobiliser les différentes composantes de ce mouvement en vue, d’une part, d’élargir les efforts de secours d’urgence aux rescapés et, d’autre part, d’aboutir à la formulation d’un plan commun d’orientation pour la réhabilitation de nos institutions et organisations. Ce plan et les projets concrets qui l’accompagnent seront soumis dans un délai relativement bref à l’attention de nos partenaires.

L’aide d’urgence à laquelle nous participons se veut alternative et nous comptons développer un travail de plaidoyer afin de dénoncer les pratiques traditionnelles dans le champ des interventions humanitaires qui ne respectent pas la dignité des victimes et qui s’inscrivent dans le cadre d’un processus de renforcement de notre dépendance. Nous plaidons pour une aide humanitaire adaptée, respectueuse de notre culture et de notre environnement et qui ne détruit pas les constructions d’économie solidaire mises en place depuis plusieurs décennies par les organisations de base avec lesquelles nous travaillons.

Nous tenons pour finir à saluer encore une fois l’extraordinaire élan de générosité qui a animé l’opinion publique mondiale autour du drame que nous vivons. Nous en sommes reconnaissants et nous croyons que c’est le moment d’inventer un nouveau regard sur notre pays qui permette de construire une authentique solidarité délivrée des réflexes paternalistes de pitié et d’infériorisation. Nous devrions travailler pour maintenir ce vigoureux élan de solidarité au-delà des effets de mode et de surenchère médiatique. La réponse à la crise prouve que dans certaines situations les peuples du monde peuvent dépasser les lectures hâtives guidées par des stéréotypes et le sensationnalisme. L’aide humanitaire massive est aujourd’hui indispensable compte tenu de l’ampleur de la catastrophe, mais elle doit être structurante en s’articulant avec une vision différente du processus de reconstruction. Elle doit s’inscrire en rupture avec les paradigmes dominant les circuits traditionnels de l’aide internationale. Nous souhaiterions voir naître des brigades internationalistes de solidarité travaillant en compagnie de nos organisations à la lutte pour la réalisation d’une réforme agraire et d’une réforme foncière urbaine intégrée, à la lutte contre l’analphabétisme et pour la reforestation, à l’édification de nouveaux systèmes universels, décentralisés et modernes d’éducation et de santé publique.

Nous devons aussi proclamer notre colère et notre indignation face à l’instrumentalisation qui est faite de la crise haïtienne pour justifier une nouvelle invasion de 20.000 marines américains. Nous dénonçons ce qui risque de devenir une nouvelle occupation militaire, la troisième de notre histoire par des troupes étatsuniennes. Elle entre clairement dans la stratégie de remilitarisation du bassin de la Caraïbe dans le cadre de la réponse de l’impérialisme américain à la révolte croissante des Peuples du continent face à la mondialisation néolibérale. Elle s’inscrit aussi dans une stratégie de guerre préventive face à un éventuel éclatement social venant d’un Peuple écrasé par la misère et se retrouvant dans une situation de désespoir. Nous dénonçons le modèle appliqué par le Gouvernement américain et la réponse militaire face à une tragique crise humanitaire. La mainmise sur l’aéroport Toussaint Louverture et d’autres infrastructures stratégiques du pays a conduit à priver le Peuple haïtien d’une partie des contributions venant de la CARICOM, du Venezuela et de certains pays européens. Nous dénonçons la méthode adoptée et refusons que notre pays soit transformée en une nouvelle base militaire.

Nous, dirigeants des organisations et plateformes initiatrices de cette démarche, nous vous écrivons aujourd’hui pour vous transmettre notre première analyse de la situation. Nous sommes convaincus, comme vous l’avez déjà manifesté, que vous continuerez à accompagner notre travail et nos combats dans le cadre de la construction d’une alternative nationale, source de renaissance de notre pays éprouvé par une horrible catastrophe et se battant pour sortir du cycle de la dépendance.

Pour le Comité de coordination :

Sony Estéus, Directeur SAKS
Camille Chalmers, Directeur Exécutif PAPDA
Marie Carmelle Fils-Aimé, Officier de Programme à ICKL

Pour les organisations et plateformes partie prenante de cette initiative :

Marc Arthur Fils-Aimé, Institut Culturel Karl Léveque (ICKL)
Maxime J. Rony, Programme alternatif de Justice (PAJ)
Sony Estéus, Sosyete Animasyon ak Kominikasyon Sosyal (SAKS)
Chenet Jean Baptiste, Institut de Technologie et d’animation (ITECA)

Antonal Mortimé, Plateforme des Organisations Haïtiennes de Droits Humains (POHDH) qui regroupe :
Justice et Paix (JILAP), Centre de recherches Sociales et de Formation pour le Développement (CRESFED), Groupe Assistance Juridique (GAJ), Institut Culturel Karl Léveque (ICKL), Programme pour une Alternative de Justice (PAJ), Sant Karl Lévèque (SKL), Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Conférence haïtienne des Religieux (CORAL-CHR)

Camille Chalmers, Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) qui regroupe :
Institut de Technologie et d’animation (ITECA), Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA), Centre de Recherches Actions pour le Développement (CRAD), Mouvaman Inite Ti Peyizan Latibonit (MITPA), Institut Culturel Karl Léveque (ICKL), Association Nationale des Agroprofessionnels Haïtiens (ANDAH)